RIEUCROS sous diverses facettes

Informations tir�es du livre " LES CAMPS DU SUD-OUEST DE LA FRANCE " Ed. Privat 1994 - § "Blanche-Neige à Rieucros ou l'art de créer derrière les fils de fer barbelés" écrit par Mechtild GILZMER.

En application du d�cret loi du 12/11/1938 concernant les �trangers INDESIRABLES. Le " Centre de Rassemblement " mis en place par un nouveau d�cret du 21/01/1939 h�bergeait en f�vrier 40 hommes (r�fugi�s autrichiens et juifs allemands anti-nazis).
Fin de la guerre d'Espagne, internement de " BRIGADISTES " et de r�fugi�es espagnoles.

D�part des hommes pour le camp du Vernet, le plus r�pressif des camps fran�ais.
Arriv�e d'une majorit� d'�migr�es allemandes arr�t�es � Paris d�s la d�claration de guerre comme ressortissantes d'une puissance ennemie, pour la plupart membres du Parti Communiste.
Site d�crit par une ancienne intern�e Dora Schaul : " descendues � la gare (de Mende) il nous fallut monter, pendant une heure environ, par un �troit chemin cahoteux, pour parvenir au camp. Celui-ci, situ� sur un versant de montagne bois�e, se composait d'une vieille b�tisse de pierres et onze baraques en bois. "
Hiver 1939-40 : d'autres femmes intern�es. Bient�t 25 nationalit�s dont de nombreuses fran�aises politiquement suspectes

Il y eut jusqu'� 600 intern�s, en comptant les enfants.
Les raisons d'internement deviennent aussi vari�es qu'arbitraires : la cat�gorie la plus nombreuse est celle des femmes intern�es pour " autres motifs " comprenant des d�lits comme galanterie et racolages, d�faut de carte d'identit�, mauvaise conduite, etc...

Faim, froid (l'hiver loz�rien est tr�s rude), conditions d'hygi�ne d�plorables.
Mais on n'y a jamais pratiqu� la torture et la mise � mort syst�matique. Il faut se garder de la mettre au m�me rang qu'un camp de concentration nazi.
Avec l'installation de Vichy, l'internement devient de plus en plus mena�ant pour les intern�es pour raison politique et raciale, en particulier allemandes.
Rieucros f�t pour certaines l'une des antichambres de la mort.

Le camp, v�ritable atelier. Les femmes fabriquaient des v�tements, utilisaient du raphia pour confectionner sacs � main, ceintures, sandales, coffrets ..., coupaient des branches d'arbres en tranches tr�s fines pour fabriquer des boutons (vendus en grande quantit� par un commer�ant de Mende).

Le camp, foyer d'activit�s intellectuelles et politiques. Des cours (de langue surtout). Les f�tes, lors de certains �v�nements, sont des moments exceptionnels de cr�ation : vers, sketches, r�citations, po�mes,... Certaines soir�es r�cr�atives comportent m�me des spectacles pr�par�s � l'avance avec r�p�titions et d�cors : ainsi " Blanche-Neige � Rieucros " (parodie de la collaboration franco-allemande avec Blanche-Neige, incarnation de la r�fugi�e amen�e derri�re les sept montagnes par le grand veneur, la France, sur l'ordre de la m�chante reine, l'Allemagne)

La f�te des m�res en 1941 : les berceuses, chant�es par une femme de chaque nationalit� dans sa langue maternelle, prirent une �trange r�sonance face au m�res arrach�es � leurs enfants, qui �touffaient leurs larmes m�l�es d'�motion, de col�re, d'indignation. La c�r�monie se transforma en manifestation politique : " Lib�rez les m�res ! Lib�rez les m�res ".

La camp, foyer de cr�ations picturales : les nombreuses femmes, peintres, intern�es � Rieucros ont inspir� l'�crivain Michel Del Castillo - qui a pass� quelques mois avec sa m�re - le personnage de Rachel dans son roman autobiographique " Tanguy ". Parmi elles, l'extraordinaire Sylta Reissmann-Busse (intern�e au camp de f�vrier � novembre 1940), Dora Schaul qui arr�ta sa cr�ation avec la mise en place de Vichy (la vie au camp devenant de plus en plus dure, il faut d'abord assurer la survie)

Transfert apr�s la grande manifestation du 23 mars 1941, organis�e dans ce camp contre l'envoi en Afrique du Nord des Espagnols et Communistes ayant appartenu aux Brigades Internationales.

Transfert � Brens, pr�s de Gaillac, des 320 intern�es de la Loz�re, et de 26 enfants.

Belle r�alisation, avec un R�volutionnaire de 1789 tendant la main � un r�fugi� Espagnol, prenant le contre-pied de la haine de Vichy pour les Brigadistes.
En ces lieux, restent grav�s dans notre m�moire le souvenir de " Blanche-Neige " et des berceuses de la f�te des m�res de 1941.